Herman Wallace et Albert Woodfox
 Herman Wallace, un ex-Black Panther confiné à l’isolement pendant plus de 40 ans pour le meurtre d’un Blanc qu’il a toujours nié, est mort vendredi d’un cancer du foie, trois jours après sa libération, ont annoncé ses avocats.
Wallace s’est éteint vendredi matin à La Nouvelle-Orléans (Louisiane, sud des Etats-Unis) à moins de deux semaines de son 72e anniversaire, a annoncé à l’AFP son équipe de défense.
«Herman a enduré ce que peu d’entre nous pouvons imaginer et il l’a fait avec grâce, dignité et empathie jusqu’à la fin». «Une des dernières choses qu’Herman nous ait dites, c’est +Je suis libre, je suis libre+», a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Wallace était l’un des «trois d’Angola» du nom de la prison d’Angola en Louisiane, réputée pour son passé raciste et baptisée ainsi car elle fut construite sur une ancienne plantation où les esclaves venaient de ce pays d’Afrique australe.
Ces trois prisonniers avaient attiré l’attention internationale après avoir passé à eux trois plus d’un siècle à l’isolement pour le crime en 1972 d’un gardien de prison blanc, qu’ils ont toujours nié et dont les preuves ont été une à une remises en cause.
Les trois hommes étaient alors membres des Black Panthers, le groupe radical luttant pour la cause des Noirs aux États-Unis.
Wallace, qui était à l’époque écroué pour un cambriolage, avait été condamné à la prison à vie, de même qu’Albert Woodfox, toujours enfermé, et Robert King, qui a été libéré, blanchi après 29 ans de prison.
Wallace a été libéré mardi soir au terme d’un bras de fer judiciaire avec l’Etat de Louisiane, qui refusait sa remise en liberté pour raisons médicales. Wallace souffrait d’un cancer du foie en phase terminale et avait imploré un juge fédéral de le remettre en liberté avant sa mort.
Le juge Brian Jackson l’avait entendu, en renversant sa condamnation et sa peine de prison à vie, en raison de «l’exclusion systématique de femmes dans le grand jury qui l’avait reconnu coupable, en violation du 14e amendement de la Constitution qui garantit l’égalité devant la loi».
M. Wallace «a passé plus de 40 ans en prison pour une condamnation basée sur une inculpation anticonstitutionnelle», avait écrit le juge, en rejetant un ultime appel de l’Etat pour empêcher sa libération. Il avait donné trente jours à la Louisiane pour dire si elle avait l’intention de l’inculper à nouveau.
Le parquet de West Feliciana en Louisiane l’a pris au mot et l’a réinculpé de meurtre jeudi soir, la veille de sa mort, a-t-on appris auprès de sa défense.
Selon la presse locale, le procureur Samuel D’Aquilla a déclaré qu’Herman Wallace était «un meurtrier» et n’était «pas innocent». «Sa condamnation a été renversée parce qu’un juge fédéral a trouvé une faille dans l’inculpation mais pas dans sa condamnation pour meurtre», a-t-il dit, cité par le Times Picayne.
Amnesty International, qui avait lancé une pétition pour sa libération et avait obtenu plus de 200.000 signatures, a estimé que «l’Etat a fait vivre à cet homme un enfer» et «même s’il est mort libre, cela n’enlève pas les décennies injustifiables pendant lesquelles il a enduré un isolement inhumain et cruel».
AFP